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Les vaches taries mangent plus qu’attendu

L'étude menée aux Trinottières sur l'ingestion de vaches taries holsteins permet de réévaluer le niveau d'ingestion pendant la phase sèche.

Un essai de trois ans mené aux Trinottières révèle que les vaches taries ingèrent en moyenne plus de 16 kg de MS par jour. Un constat clair qui appelle à s’assurer d’une mise à disposition d’une ration à volonté pendant la période sèche.

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Lors de trois campagnes consécutives, de 2021 à 2023, la ferme expérimentale des Trinottières (Maine-et-Loire) a mesuré l’ingestion de vaches holsteins pendant la phase de tarissement, dans le cadre du projet Citare (ou Capacité d’ingestion des taries). « L’objectif était de remettre à jour des références anciennes, afin de pouvoir élaborer des rations vaches taries adaptées aux animaux d’aujourd’hui », souligne Lucile Olbe, ingénieure à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Rappelons, s’il le faut, que l’ingestion pendant la période sèche est la clé de voûte d’un bon démarrage en lactation. Il est en effet couramment admis que 75 % des troubles métaboliques observés au cours du mois suivant la mise-bas sont liés à l’alimentation au tarissement.

Jusqu’à 20 kg de MS ingérée par les multipares

Concrètement, l’essai portait sur 63 vaches holsteins, 27 primipares et 36 multipares, dont les vêlages étaient programmés chaque année mi-octobre. Pendant huit semaines de tarissement, les mesures d’ingestion ont été réalisées grâce à des auges peseuses individuelles, afin de les comparer aux références Inrae 2018. La ration mélangée, distribuée à volonté, se composait de 56 % d’ensilage de maïs, 32 % de paille broyée, 11 % de colza et 1 % de minéral, soit une concentration de 0,73 UFL et de 64 de PDI/kg MS. Dans un second temps, l’ingestion et la production laitière ont été mesurées au cours des soixante-dix premiers jours de lactation, avec une ration complète composée de 65 % d’ensilage de maïs, 6 % d’ensilage d’herbe, 2 % de paille, 26 % de tourteau de colza et 1 % de minéral.

Sur cette base, selon les références zootechniques en vigueur, le niveau d’ingestion théorique attendu était de 13,5 kg MS/vache/jour en moyenne pendant la période sèche. Mais dans la pratique, l’ingestion réelle mesurée par les conseillers de la chambre d’agriculture et de l’Idele s’est avérée plus élevée que prévu : en moyenne 16,8 kg MS/vache/jour, c’est-à-dire 15,7 kg MSI pour les primipares, 17,5 kg pour les vaches en deuxième lactation et 17,8 kg MS pour celles en troisième lactation et plus.

Une présentation fine de la paille, mélangée à la ration, apparait comme une voie privilégiée pour stimuler l'ingestion. (© J. Pezon)

Une baisse modérée une semaine avant le vêlage

Dans le détail, la variabilité entre les individus fait état d’une ingestion comprise entre 14 kg et jusqu’à 20 kg MS/jour au maximum pendant le tarissement. « L’ingestion est restée élevée et stable pendant toute la période, commente Lucile Olbe. La seconde surprise révélée par cet essai est que la baisse d’ingestion au cours de la dernière semaine avant la mise-bas est très modérée. » En effet, au cours de cette dernière semaine post-vêlage, le niveau d’ingestion moyen s’élève à 16,5 kg MS, contre 12,7 kg prédits par les références Inrae 2018.

La différence entre les ingestions mesurées et celles prédites s’élève donc en moyenne à 3,3 kg MS/jour. Compte tenu de la composition de la ration, cela représente un apport journalier de 12 UFL/vache/jour, 1 089 g de PDI et 55 g de calcium. C’est-à-dire un surplus de 1,7 UFL et de 155 g de PDI, comparé à l’ingestion théorique prévue par les anciennes références. Or, cet écart peut conduire à un excès d’énergie et à une reprise d’état excessive si la concentration de la ration n’est pas ajustée. Dans le contexte de la ferme expérimentale, avec une note d’état corporel initiale de 3,2 et une ration modérée, les vaches enregistrent un gain de seulement 0,3 point pendant le tarissement. Pour rappel, l’objectif est d’atteindre une note de 3 à 3,5 points. Mais sur le terrain, avec des durées de tarissement parfois plus longues et une concentration énergétique plus généreuse, un engraissement excessif présente le risque accru d’apparition de troubles métaboliques après la mise-bas, comme des vêlages difficiles ou de l’acétonémie de type 2.

Ces résultats seront pris en compte pour réétalonner l’alimentation des vaches taries dans les tables d’alimentation Inrae. Ils appellent à renouveler l’expérience avec différentes rations et différentes races. « Le message à rappeler est la nécessité de mettre à disposition des animaux une ration fibreuse réellement à volonté, qui doit ressembler le plus possible à la ration en lactation, sans oublier d’analyser les aliments offerts. Idéalement, on privilégiera une paille coupée et mélangée à la ration pour être bien assimilée. »

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